Un vaste meuble rempli de tiroirs, eux-mêmes bourrés de fiches. Avec sa page d’accueil, Google rend aujourd’hui hommage à notre compatriote Paul Otlet et à l’une de ses créations, visible aujourd’hui au Mundaneum de Mons.
Même si son nom est inconnu du grand public, ce Bruxellois né en 1868 est souvent considéré comme un « visionnaire » d’Internet. Voici ce qu’en dit Wikipedia: « …il crée, avec Henri La Fontaine, en 1895, l’Office international de bibliographie et met en place un « répertoire bibliographique universel » (RBU), rassemblant tous les ouvrages publiés dans le monde, quels que soient le sujet et l’époque. Cet Office vise également à faire reconnaître l’information comme discipline scientifique. Pour faciliter l’accès du « plus grand nombre » à l’information, il crée en 1905 le système de « classification décimale universelle » (CDU), ainsi que le standard de 125 x 75 mm des fiches bibliographiques, toujours en vigueur dans les bibliothèques du monde entier. Il travaille aussi, avec La Fontaine, à l’établissement d’une Bibliographica sociologica, qui vise à répertorier l’ensemble des « faits » et des « écrits » concernant la société. En 1895, celle-ci comprend 400 000 notices« .
Et de préciser « Paul Otlet est aussi l’instigateur du Mundaneum de Bruxelles, situé dans l’aile sud de ce qui est devenu ensuite les Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles, au Cinquantenaire. Il regroupe dans ce bâtiment ses nombreuses réalisations visant à intégrer tous les savoirs du monde: musée de la Presse, musée du Livre, Archives encyclopédiques internationales, RBU. Paul Otlet pressent la multiplication des supports, tous également porteurs de mémoire. On pouvait y trouver répertoriées tous les travaux publiés sur n’importe quel sujet. À son apogée, le Mundaneum ira jusqu’à rassembler 16 millions de fiches, indexant tous les sujets allant de l’histoire des chiens de chasse à celle de la finance! Un siècle plus tard, le journal français Le Monde surnommera leur projet d’indexation universelle « Le Google de papier ». Il veut ainsi établir « l’image mouvante du monde, sa mémoire, son véritable double. » Les archives du Mundaneum sont établies à Mons depuis 1993″.
Et puis, il est intéressant – et même troublant – de découvrir la vision d’Otlet – décédé en 1944 – à une époque où le monde ne connaissait ni l’ordinateur, ni même la télévision.
«Ici, la Table de Travail n’est plus chargée d’aucun livre. À leur place se dresse un écran et à portée un téléphone. Là-bas, au loin, dans un édifice immense, sont tous les livres et tous les renseignements, avec tout l’espace que requiert leur enregistrement et leur manutention, […] De là, on fait apparaître sur l’écran la page à lire pour connaître la question posée par téléphone avec ou sans fil. Un écran serait double, quadruple ou décuple s’il s’agissait de multiplier les textes et les documents à confronter simultanément ; il y aurait un haut parleur si la vue devrait être aidée par une audition. Une telle hypothèse, un H. G. Wells certes l’aimerait. Utopie aujourd’hui parce qu’elle n’existe encore nulle part, mais elle pourrait bien devenir la réalité de demain pourvu que se perfectionnent encore nos méthodes et notre instrumentation. » La mondothèque est une station de travail à utiliser à domicile. Ce meuble était supposé contenir des travaux de référence, des catalogues, les prolongements multimédia de livres traditionnels tels les microfilms, la TV, la radio, et finalement une nouvelle forme d’Encyclopédie: l’Encyclopedia Universalis Mundaneum.«
On notera cependant que Google rend cet hommage à Paul Otlet avec un « doodle » sur sa page d’accueil en Belgique, en France ou encore en Grande-Bretagne,… mais pas en Allemagne, par exemple, ni surtout sur sa page internationale (google.com).